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Au Liban, au moins neuf morts dans des explosions de bipeurs de membres du Hezbollah

L’explosion simultanée et sans précédent, mardi 17 septembre à travers le Liban, de bipeurs utilisés par le Hezbollah, a fait au moins neuf morts et près de 2 800 blessés, selon le ministère de la santé libanais. Parmi eux, des centaines de membres du mouvement islamiste libanais, soutenu par l’Iran, qui a accusé Israël d’en être responsable.
Israël n’a pas commenté les explosions, survenues dans plusieurs bastions du Hezbollah. Quelques heures plus tôt, l’Etat hébreu avait annoncé étendre la guerre qu’il mène contre le Hamas palestinien à sa frontière nord avec le Liban. Depuis le début du conflit, déclenché le 7 octobre 2023 par l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, cette zone frontalière est le théâtre d’échanges de tirs presque quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas. Le conflit a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils de part et d’autre de la frontière.
Le Hezbollah a affirmé mercredi qu’il « continuera » ses opérations de soutien à Gaza, précisant, dans un communiqué publié sur Telegram, que cette voie était « distincte du difficile bilan que l’ennemi criminel [Israël] doit attendre pour son massacre de mardi ».
Une source proche du Hezbollah a annoncé mardi que « des centaines de membres » du mouvement « avaient été blessés par l’explosion simultanée de leurs bipeurs », des appareils de communication rudimentaires, dans la banlieue sud de Beyrouth, dans le sud du Liban et dans la plaine orientale de la Bekaa. Le Hezbollah a affirmé qu’Israël était « entièrement responsable » de ces explosions et assuré qu’il allait « recevoir son juste châtiment ». Le Hamas a dénoncé une « agression terroriste sioniste ».
Des dizaines d’ambulances transportant des blessés ont aussitôt afflué vers les hôpitaux à Beyrouth, dans la Bekaa, ainsi qu’à Saïda, dans le sud du Liban. Dans la banlieue sud de la capitale libanaise, des tentes ont été installées pour accueillir les habitants qui se sont précipités pour donner leur sang. Des blessés étaient allongés en pleine rue au milieu des embouteillages, ou à même le sol dans un hôpital de la banlieue sud de Beyrouth. Des images vidéo montraient un bipeur explosant dans les mains d’un homme en plein marché.
« De ma vie, je n’ai jamais vu ça », a témoigné auprès de l’Agence France-Presse (AFP) un habitant de la banlieue sud. « Ça a explosé d’un coup (…), j’ai trouvé devant moi des gens allongés par terre », a-t-il rapporté.
Parmi les morts figure une fillette de 10 ans tuée par l’explosion du bipeur de son père, ainsi que le fils d’un député du mouvement. L’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, a annoncé la télévision iranienne. Quatorze membres du Hezbollah en Syrie auraient également été blessés par l’explosion de leurs bipeurs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Le ministre de l’éducation libanais, Abbas Halabi, a annoncé la fermeture mercredi des écoles et des universités, pour condamner « cet acte criminel commis par l’ennemi israélien ». Les Etats-Unis, premier allié d’Israël, n’étaient « pas au courant » à l’avance des explosions, a affirmé le département d’Etat, en exhortant l’Iran à éviter tout acte qui aggraverait les tensions dans la région. L’impact de ces explosions sur les communications du Hezbollah n’est pas clair dans l’immédiat.
L’entreprise taïwanaise Gold Apollo a démenti mercredi les informations selon lesquelles elle aurait fabriqué les bipeurs. « Ce ne sont pas nos produits. (…) Ce ne sont pas nos produits du début à la fin », a affirmé le directeur de l’entreprise, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei. Il réagissait aux informations publiées par le New York Times affirmant que les bipeurs auraient été commandés à Gold Apollo, en citant des responsables américains et d’autres nationalités s’exprimant sous couvert de l’anonymat. Selon ces responsables, Israël serait parvenu à cacher des petits explosifs dans des bipeurs achetés par le Hezbollah à Taïwan. Une source proche du Hezbollah a expliqué, de son côté, à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1 000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ».
Si les détails de l’opération restent inconnus, cette série d’explosions marque une « escalade extrêmement inquiétante », a affirmé l’Organisation des Nations unies (ONU). Dans ce contexte à hauts risques, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est arrivé mercredi à l’aube en Egypte pour discuter d’une nouvelle proposition de compromis en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’une libération des dizaines d’otages qui y sont retenus, selon le département d’Etat.
Israël avait annoncé mardi sa décision d’étendre les buts de la guerre jusqu’à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés israéliens originaires du nord du pays. Les principaux objectifs affichés jusqu’à présent de la guerre à Gaza étaient la destruction du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire palestinien, et le retour des otages.
Lundi, lors d’une rencontre avec un émissaire américain, Amos Hochstein, le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, avait averti qu’en l’absence de solution diplomatique, « le seul moyen restant pour garantir le retour des habitants du nord d’Israël dans leurs foyers » serait « une action militaire ».
Mardi, une frappe israélienne à Blida, dans le sud du Liban, a fait trois morts, selon les autorités libanaises, l’armée israélienne affirmant avoir tué des membres du Hezbollah. Le mouvement libanais a annoncé des tirs contre des positions militaires dans le nord d’Israël. L’armée israélienne a affirmé que plusieurs drones venant du Liban avaient été interceptés alors qu’ils tombaient dans une zone dégagée.
Mardi soir, la compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé la suspension, au moins jusqu’à jeudi, de ses vols de et vers Tel-Aviv et Téhéran et Air France de ses liaisons avec Beyrouth et Tel-Aviv, jusqu’à jeudi également.
Le Monde avec AFP
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